Les divins secrets des petites Ya-Ya, de Rebecca Wells

Une magnifique histoire d’amitié entre quatre femmes de Louisiane menée par la plume de Rebecca Wells, magique.

Tout commence par la parution d’un article du Sunday New York Times : « Une danseuse de claquettes maltraite ses enfants… ». La danseuse de claquettes, c’est Vivi Walker. Et quand elle lit ce que raconte sa fille Siddy, une célèbre metteur en scène, elle ne veut plus jamais lui adresser la parole.

Ses trois chères amies vont alors tenter de les rabibocher en persuadant Vivi d’envoyer son album de souvenirs « Les divins secrets des petites Ya-Ya » à sa fille. En le parcourant, cette dernière découvrira l’amitié indéfectible qui lie les quatre femmes depuis l’enfance, ainsi que les épreuves auxquelles aura été confrontée sa mère tout au long de sa vie.

L’histoire des Ya-Ya est pleine de la nostalgie de l’enfance. Elle fait écho à nos propres souvenirs, alors même que le dépaysement est total : le roman nous emmène dans la moiteur de la Louisiane des années 40 et 50 avec son style de vie, son histoire, la ségrégation raciale… Il y a parfois une nostalgie qui se dégage sous le regard de Siddy (j’en parle dans cet article où je cite un passage du livre).

Les Ya-Ya sont toutes différentes les unes des autres avec des caractères bien trempés. C’est ce qui fait leur charme et nous entraîne dans de chaleureux moments de partage. En contraste, la solitude de Vivi dans certaines périodes de sa vie glace le sang .

Siddy, quant à elle, est effrayée à l’idée de s’engager sentimentalement. Ses questionnements peuvent se résumer à cet extrait :

Quelles forces s’affrontent donc dans ma propre guerre de Sécession ? Est-ce la peur de rester dans la chaleur du cocon familial contre celle d’avoir à courir dans le brouillard à la recherche de l’amour ? Les deux situations comportent leurs propres terreurs, exigent leur tribut de chair et de sang.

La chair et le sang. Nous y voilà. La question est de savoir si je suis capable d’aimer Connor, qui va mourir un jour, n’importe quel jour, et alors l’odeur de ses épaules ne sera plus qu’un souvenir. De savoir si je peux m’autoriser à aimer, en toute connaissance des souffrances que cela comporte. Thomas Merton a dit que l’amour le plus cher à notre coeur nous apportera nécessairement de la douleur. Parce que éprouver cet amour-là, c’est comme réduire des fractures multiples.

Mais justement, je veux porter au théâtre la réduction de ces fractures. Je veux les mettre en scène moi-même.

Vous l’aurez compris, les femmes tiennent les rôles principaux dans cette histoire. La Louisiane aussi, si bien évoquée par Rebecca Wells qu’on en sent presque la chaleur et les odeurs.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman et, même s’il est taché de café, je le garde dans un coin de ma bibliothèque.

Sa première phrase est ici.

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