Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, de Harper Lee

Un aperçu de la vie dans une ville d’Alabama pendant la Grande Dépression vu par Scout, une petite fille au regard espiègle et interrogateur.

Dans les années 30, la famille Finch habite Maycomb, une petite ville rurale et ségrégationniste d’Alabama. Depuis le décès de sa femme, Atticus élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Il est aidé par Calpurnia, une vieille cuisinière noire.

Scout vit ses aventures d’enfant libre des codes de la société : elle n’est pas la dernière à jurer et à se bagarrer lorsqu’elle est confrontée à une injustice, et porte son pantalon sous sa robe quand sa tante veut qu’elle fasse bonne impression. Elle adore jouer dehors avec son grand frère et ensemble, ils tentent de décrypter le mystère de Boo Radley, le voisin qui reste enfermé chez lui à longueur de journée. L’été, le jeune Dill vient habiter chez sa tante et tous les trois s’inventent des histoires incroyables.

Atticus est avocat et a choisi de défendre un homme noir accusé d’avoir violé une jeune femme blanche. Les questionnements de Scout sur la société, l’école, la justice sont à la fois plein de candeur et de gravité, et arrivent à toucher certains adultes retors.

Dans cet extrait, Jem et Scout parlent des gens et essaient de comprendre quelles différences existent entre eux. Leur conversation démarre par des différences sociales et raciales, puis Jem finit par dire :

– Je crois que l’important, c’est de savoir depuis quand une famille sait lire et écrire. Scout, j’ai beaucoup étudié la question et c’est la seule raison que je vois. Autrefois, quand les Finch étaient en Égypte, l’un d’eux a du apprendre un ou deux hiéroglyphes et les enseigner à son fils.

Il se mit à rire.

– Tu te rends compte ? Notre tante est fière parce que son arrière-arrière-grand-père savait lire et écrire – les femmes ont de drôles de sujets de fierté !

– Eh bien moi, j’en suis contente ! Sinon, qui aurait appris à lire à Atticus ? Et s’il ne savait pas lire, toi et moi, on aurait été dans de beaux draps. Je ne crois pas que ce soit ça, un passé, Jem.

– Alors pourquoi les Cunningham sont différents de nous ? C’est tout juste si Monsieur Walter sait écrire son nom pour signer, je l’ai vu. Nous, on sait lire et écrire depuis bien plus longtemps qu’eux.

– Mais non ! Tout le monde est obligé d’apprendre ! Personne ne naît en sachant lire ! Walter est aussi intelligent que possible, il est seulement un peu en retard parce que son père a besoin de lui pour l’aider. Sinon, il est tout à fait normal. Non, Jem, moi je pense qu’il y a qu’une sorte de gens, les gens.

Jem se retourna et envoya un coup de poing dans son oreiller. Quand il se redressa, il avait un air ombrageux. Le sentant sur le point de refaire une de ses crises, je me tins sur mes gardes. Les sourcils froncés, la bouche pincée, il resta silencieux un moment.

– C’était ce que je pensais moi aussi, finit-il par dire, quand j’avais ton âge. S’il y a une seule sorte de gens, pourquoi n’arrivent-ils pas à s’entendre ? S’ils se ressemblent, pourquoi passent-ils leur temps à se mépriser les uns et les autres ?

J’ai aimé ces dialogues et réflexions d’enfants qui parsèment le livre. Le sujet de la ségrégation raciale des états du sud mêlé à l’enfance n’est pas sans rappeler Les divins secrets des petites ya-ya. Ces deux romans mêlent chacun à leur façon la dureté de l’époque et le magnifique appétit de vivre des enfants qui tentent de comprendre le monde.

J’ai adoré.

Merci à Julie qui m’a conseillé ce très beau roman.

Pour retrouver sa première phrase, c’est ici.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.